L’AFFAIRE GABAROUM OU LE SYMBOLE D’UNE DISCRIMINATION PROFESSIONNELLE ASSISE SUR UN RACISME SYSTEMIQUE EN FRANCE

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CONDAMNÉ DEVANT LES DIFFERENTES INSTANCES NATIONALES ET INTERNATIONALES, DONT L’ONU, LE GROUPE RENAULT S.A (DONT L’ETAT EST TOUJOURS ACTIONNAIRE MINORITAIRE) SE TERRE DANS UN SILENCE, UNE INDIFFERENCE QUI SE CONFONDENT ICI AVEC LE SEMPITERNEL DÉNI OFFICIEL EN FRANCE

garbaroum
  1. Monsieur Laurent Gabre GABAROUM français d’origine Tchadienne a été engagé par la Régie Nationale des Usines RENAULT (RNUR) par contrat à durée indéterminée, le 15 juillet 1975, en qualité d’Agent Productif RENAULT (APR), catégorie B.
  1. Il a été affecté à un poste de Surveillant de nuit au siège social de la Régie Nationale des Usines RENAULT, à BOULOGNE-BILLANCOURT, ce qui lui permettait de financer ses études supérieures de 3e cycle en droit et en économie.
  1. Monsieur Laurent Gabre GABAROUM est docteur en droit.
  1. De 1975 à 1981, la carrière de Monsieur GABAROUM s’est déroulée sans événement notable à la grande satisfaction de son employeur.
  1. Ainsi, tant que le poste de Surveillant de niveau certificat d’études primaires qu’occupait Monsieur GABAROUM était en parfaite adéquation avec la conception hiérarchisée de la société RENAULT et la division raciale du travail qui voudrait que les Noirs soient relégués à la chaîne ou aux métiers de manutention et de gardiennage, la relation de travail se déroulait merveilleusement bien.
  1. Les actes racistes et les pratiques discriminatoires à l’égard de Monsieur GABAROUM ont commencé à se manifester brutalement lorsque, en avril 1982, il a sollicité de son employeur un congé sans solde, afin d’effectuer, à l’aéroport de ROISSY PARIS CHARLES DE GAULLE, un stage pédagogique prévu dans le cadre de son DESS de « Gestion, Transport et Logistique Commerciale », à l’Université Paris-Dauphine.
  1. La société RENAULT, considérant que les efforts de Monsieur GABAROUM méritaient d’être connus et récompensés, lui a proposé spontanément d’accueillir son stage pédagogique à la Direction Logistique de l’Entreprise et, cerise sur le gâteau, la promesse d’une promotion au statut de cadre à compter du 1er janvier 1983.
  1. Dans la foulée, à l’initiative et à la demande expresse de la société RENAULT, la convention de stage avec l’aéroport de ROISSY PARIS CHARLES DE GAULLE a été annulée et remplacée par une nouvelle convention de stage conclue entre la Régie Nationale des Usines RENAULT, l’Université Paris-Dauphine et Monsieur GABAROUM.
  1. Curieusement, alors que l’Université Paris-Dauphine attendait le retour de la nouvelle convention de stage signée, la société RENAULT se terrait dans un silence inexpliqué.
  1. Après de vaines tentatives de relance, dans un esprit de responsabilité, l’Université Paris-Dauphine a demandé à Monsieur GABAROUM d’aller aux nouvelles.
  1. Le 20 mai 1982, Monsieur GABAROUM a été reçu, à sa demande, par Monsieur PIGNET, DRH, au Service du Personnel et des Relations Sociales (SPRS) de l’Etablissement RENAULT Siège.
  1. Contre toute attente, Monsieur PIGNET a annoncé, urbi et orbi, à Monsieur GABAROUM que la Direction du Personnel Ingénieurs et Cadres (DPIC) a mis son veto à son accueil comme stagiaire à la Direction Logistique de l’Entreprise au motif que « le moment n’est pas encore venu d’accueillir un Noir au sein de l’Encadrement de l’Entreprise ».
  1. Dans la foulée, Monsieur PIGNET a annoncé à Monsieur GABAROUM le rejet de sa demande de congé sans solde, sans aucune explication, au mépris des accords d’Entreprise.
  1. Par un coup de chance extraordinaire, l’espoir renait lorsque à la lecture du journal interne d’informations internes, « AVEC », Monsieur GABAROUM découvre que son ancien Chef de Service à la Surveillance, Monsieur Christian MORRACCHINI, a été nommé Directeur du Personnel et des Relations Sociales de la filiale CAT (Compagnie d’Affrétement et de Transport).
  1. Réagissant audacieusement, Monsieur GABAROUM a immédiatement téléphoné à Monsieur Christian MORRACCHINI et le résultat de l’entretien a été couronné de succès.
  1. Le 24 mai 1982, la CAT a accepté d’accueillir le stage pédagogique de Monsieur GABAROUM (juin-juillet-août 1982) après lui avoir fait subir des épreuves de sélection.
  1. Par courrier en date du 25 mai 1982, pour la « bonne règle administrative du stage » la CAT a demandé, par voie hiérarchique, à Monsieur GABAROUM de lui faire parvenir la convention de stage.
  1. En réponse, la société RENAULT qui a en sa possession la convention de stage et qui ne donne aucun signe qu’elle est prête à jouer le jeu, a refusé de la remettre à Monsieur GABAROUM afin que l’Université Paris-Dauphine puisse l’annuler et établir une nouvelle au nom de la CAT.
  1. Il est opportun de rappeler que la filiale CAT est une entité juridique distincte de la société RENAULT.
  1. Comble de l’absurde, la société RENAULT se livre à un bras de fer à motivation raciste en s’acharnant contre Monsieur GABAROUM prié de renoncer volontairement à son stage pédagogique ou bien de quitter l’Entreprise, de peur de devoir, au terme du stage, le promouvoir au statut de cadre ce qu’elle ne voulait absolument pas, s’agissant d’un Noir.
  1. Informée, la CAT a indiqué à Monsieur GABAROUM qu’elle n’accueillera pas son stage pédagogique en l’absence de convention de stage la liant à l’Université Paris-Dauphine..
  1. Le 1er juillet 1982, malgré les multiples blocages, Monsieur GABAROUM a débuté son stage conventionné à la CAT, dans l’illégalité la plus totale, sans convention de stage le liant à la CAT et sans autorisation d’absence délivrée par son employeur.
  1. Le 15 juillet 1982, la CAT a réitéré à Monsieur GABAROUM l’obligation qui lui est faite de conclure une nouvelle convention de stage avec l’Université Paris-Dauphine en tant qu’Entreprise accueillante du stage pédagogique, notamment de prendre à sa charge son salaire.
  1. Informée, la société RENAULT n’a pas donné suite à la proposition de la CAT.
  1. Trois jours plus tard, au terme de longs conciliabules avec la CAT, sans rien céder sur la convention de stage, la société RENAULT a décidé de maintenir à Monsieur GABAROUM son salaire de surveillant de nuit pour, dit-elle, le remercier d’avoir accepté d’assumer la responsabilité de l’expédition des CKD aux Etats-Unis pour la construction des véhicules « Renault Alliance » et « Renault Encore ».
  1. En septembre 1982, considérant que Monsieur GABAROUM a donné pleinement satisfaction par la qualité du travail fourni à la CAT, la société RENAULT a décidé unilatéralement de proroger sa convention de stage de trois mois (1er octobre 1982 au 1er janvier 1983) en violation de l’article 5 de la convention qui dispose que « le stage, dont la durée ne pourra excéder trois mois aura lieu à des dates fixées au préalable, d’un commun accord.»
  1. Il n’empêche. Au cours de cette prorogation, aucun nouveau programme de stage n’a été remis au stagiaire ni aucun bilan de stage n’a été validé par la suite d’un commun accord entre l’Université Paris-Dauphine et la société RENAULT de sorte que Monsieur GABAROUM a accompli pour le compte de son employeur un véritable travail productif en qualité de cadre logisticien en supervisant l’acheminement des CKD aux Etats-Unis, notamment l’expédition du matériau pour la construction de l’usine RENAULT de SETUBAL, au Portugal.
  1. En septembre 1982, faisant valoir qu’elle n’est pas partie à la convention de stage, la CAT a refusé de valider le rapport de stage de Monsieur GABAROUM.
  1. Aux termes d’interminables tractations et conciliabules, la CAT, sous la pression de la maison-mère, a été contrainte d’apposer son tampon sur la convention de stage, à l’emplacement réservé à la signature de la société RENAULT, alors même que la convention de stage n’est pas établie en son nom. La messe est dite.
  1. Le 20 septembre 1982, afin d’être fixé sur son avenir professionnel à la veille de son retour dans l’Entreprise, Monsieur GABAROUM a été reçu, à sa demande, en entretien préparatoire de mobilité, par Monsieur PIGNET, DRH au Service du Personnel et des Affaires Sociales de l’Etablissement RENAULT Siège.
  1. Contre toute attente, l’entretien a viré au cauchemar et a donné lieu à des échanges houleux après que Monsieur PIGNET ait indiqué à Monsieur GABAROUM que la société RENAULT a renié sa promesse de le promouvoir au statut de cadre afin de « préserver l’harmonie raciale au sein de son encadrement ».
  1. Le 9 novembre 1982, par courrier recommandé avec accusé de réception demeuré à ce jour sans réponse, Monsieur GABAROUM a tenu à faire une mise au point dans les termes suivants :

« Sur la foi de cette promesse orale (juin 1982) et étant donné la respectabilité de son auteur, mon Service alerté a pourvu comme il se doit à mon remplacement dans l’équipe de nuit.

Dès votre retour des vacances, à notre entretien du 7 septembre, la promesse commença à s’émousser jusqu’à la date fatidique du 20 septembre où vous m’avez signifié l’insignifiant » ce qui justifie « mon refus de me prêter à ce jeu discriminatoire parce qu’arbitraire, qui m’amène au nom de la justice à solliciter de vous mon rétablissement dans mes droits ».

  1. Le 1er janvier 1983, de retour dans l’Entreprise, Monsieur GABAROUM a retrouvé son poste de Surveillant de nuit.
  1. Le 1er février 1983, faisant valoir sur tous les tons qu’un « Noir instruit est un danger pour la suprématie blanche», la société RENAULT a muté de force Monsieur GABAROUM en équipe 2×8 de jour dans les tranches horaires de travail alterné les plus pénibles afin d’entraver la poursuite de son cursus universitaire.
  1. Il convient de rappeler que le passage d’un horaire de nuit à un horaire de jour sans l’accord du salarié n’est pas valable dès lors que l’employeur a commis d’abus dans l’exercice de son pouvoir de direction pour imposer un horaire qui ne répond à aucun motif légitime et aux nécessités d’organisation de l’Entreprise.
  1. Le 6 mai 1983, déterminé à ne renoncer ni à ses études ni à son emploi, Monsieur GABAROUM a adressé à la société RENAULT une demande d’autorisation d’absence au titre du congé individuel de formation (CIF) afin de suivre une formation en DESS de Gestion du Personnel et des Relations Sociales au CIFFOP (Centre Interuniversitaire de la Formation à la Fonction Personnel), à l’Université PARIS II ASSAS.
  1. La société RENAULT n’a pas donné suite à la demande d’autorisation d’absence au titre du CIF formulée par Monsieur GABAROUM, sans aucune motivation, alors qu’il lui est fait obligation.
  1. Il convient de rappeler que l’employeur ne peut rejeter sans aucune motivation la demande du CIF d’un salarié mais la différer de 9 mois maximum s’il estime, après avis conforme du comité d’entreprise ou, à défaut, des délégués du personnel, que cette absence pourrait avoir des conséquences préjudiciables à la production et à la marche de l’Entreprise.
  1. Le 25 juillet 1983, par un heureux concours de circonstances, le chemin de Monsieur GABAROUM s’est croisé avec celui du PDG de RENAULT de l’époque, Monsieur Bernard HANON.
  1. Très ému par le récit que lui a fait Monsieur GABAROUM sur les actes racistes et les pratiques discriminatoires subis, Monsieur Bernard HANON a diligenté une enquête placée sous l’autorité de Monsieur Peter FUNK, son conseiller américain.
  1. Aux termes de cette enquête rondement menée, Monsieur Max RICHARD, Directeur de la DPAS (Direction du Personnel et des Affaires Sociales), Monsieur Jean-Louis EDDE, Directeur de la DPIC (Direction du Personnel Ingénieurs et Cadres) et le Colonel DULIOT, Chef de Service Surveillance ont été reçus par le PDG Bernard HANON.
  1. L’intérêt porté par le PDG Bernard HANON au dossier a opportunément calmé les ardeurs racistes et provoqué un électrochoc salutaire qui a eu pour résultat concret de ressusciter la demande d’autorisation d’absence au titre du Congé Individuel de Formation (CIF) formulée par Monsieur GABAROUM, qui a été naguère enterrée, sans fleurs ni couronnes, par la société RENAULT.
  1. Le 2 septembre 1983, soit à trois semaines du début des cours, la société RENAULT a contraint Monsieur GABAROUM à déposer, hors délai légal requis par la procédure de recevabilité du dossier de prise en charge au titre du CIF, sa demande auprès du FONGECIF Ile de France, sans lui fournir l’autorisation d’absence à joindre impérativement au dossier.
  1. Dès lors, compte tenu de la multiplication délibérée des impairs par la société RENAULT, il ne faut pas être grand clerc pour comprendre que la demande de prise en charge au titre du CIF de Monsieur GABAROUM n’avait aucune chance d’aboutir.
  1. Par courrier en date du 14 septembre 1983, soit à deux semaines du début des cours, la DPIC a accordé à Monsieur GABAROUM, hors délai légal requis, l’autorisation d’absence d’une durée d’un an :
  1. Par courrier en date du 5 octobre 1983, soit 5 jours après le début des cours au CIFFOP, le FONGECIF Ile de France a rejeté la demande de prise en charge au titre du CIF déposée par Monsieur GABAROUM, officiellement pour des raisons budgétairesmais en réalité pour non-respect de la procédure de recevabilité du CIF par la société RENAULT.
  1. Soudainement, la DPIC, qui a jusque-là sombré dans un niveau de racisme ordinaire jamais atteint, a décidé de son propre chef d’introduire des recours auprès de la Délégation Académique à la Formation Continue (DAFCO) et de la Commission Interprofessionnelle d’Instruction et de Recours du FONGECIF sans requérir au préalable l’accord de Monsieur GABAROUM.
  1. Ironie de l’histoire, Monsieur GABAROUM n’a jamais demandé à la société RENAULT d’effectuer en son lieu et place les « différentes démarches auprès de la DAFCO et du FONGECIF » ni de lui « accorder le maintien de son salaire antérieur jusqu’au 30 juin 1984 date à laquelle vos cours prennent fin ».
  1. Pire encore, la DPIC a accordé à Monsieur GABAROUM deux autorisations d’absence consécutives au titre du CIF dont la première prend fin le 31 octobre 1984 et la seconde le 30 juin 1984 ce qui démontre la gestion calamiteuse de ce dossier.
  1. Devant un tel enjeu, considérant qu’il lui appartient de financer sur ses fonds propres sa formation au CIFFOP, Monsieur GABAROUM a demandé à la société RENAULT de l’autoriser à reprendre son poste de surveillant de nuit demeuré vacant faute de candidats à la candidature.
  1. La proposition de Monsieur GABAROUM est demeurée à ce jour sans réponse.
  1. De manière concrète, le programme de formation de Monsieur GABAROUM en DESS de Gestion du Personnel et des Relations Sociales au CIFFOP comportait deux stages obligatoires en Entreprise : un « stage ouvrier » et un « stage Encadrement ».
  1. En conséquence, dès lors que la société RENAULT a pris en charge le financement de la formation de Monsieur GABAROUM au CIFFOP au titre du CIF, celui-ci est tenu, par obligation de loyauté, d’effectuer les deux stages conventionnés au sein de l’Entreprise.
  1. C’est dans ce contexte qu’en octobre-novembre 1983, la société RENAULT a organisé à son initiative le « stage ouvrier » de Monsieur GABAROUM, à l’atelier 7596, Département 75, au Centre Industriel de BILLANCOURT (CIB).
  1. Aux termes de trois semaines de « stage ouvrier », axé principalement sur le taylorisme, est venue l’heure du bilan organisé traditionnellement autour d’un déjeuner présidé à cette date par Monsieur GERVY, adjoint au chef du Département 75.
  1. Contre toute attente, Monsieur GERVY a décidé d’annuler le déjeuner. Il a, en revanche, maintenu la réunion sur le bilan du « stage ouvrier ».
  1. A l’heure du rendez-vous, Monsieur GABAROUM a été reçu par Monsieur GERVY en compagnie de deux jeunes ingénieurs issus des grandes écoles nouvellement embauchés par la société RENAULT qui effectuaient leur parcours d’intégration.
  1. Comble de l’absurde, le premier mot de Monsieur GERVY a été de s’excuser auprès des deux jeunes ingénieurs blancs de ne pouvoir leur offrir le traditionnel déjeuner pour la simple et bonne raison qu’il ne reçoit jamais un Noir à sa table.
  1. Monsieur GABAROUM, bien que choqué et tétanisé d’entendre de telles inepties qui montrent bien que les préjugés racistes ont la vie dure, a préféré garder son calme pour ne pas tomber dans le piège de la provocation.
  1. En février 1984, Madame Colette MICHEL, Responsable de la Formation à la DPIC, a proposé à Monsieur GABAROUM qui l’a accepté d’assurer le tutorat de son « stage Encadrement » avec comme sujet de mémoire « La formation des cadres expatriés de la Régie Nationale des Usines RENAULT ».
  1. En mars 1984, Monsieur GABAROUM s’est présenté à la DPIC, pour effectuer son « stage Encadrement » Dès le seuil du hall d’entrée de la DPIC franchi, il a eu la désagréable surprise d’être apostrophé par un agent de sécurité chargé de lui annoncer l’annulation pure et simple de son « stage Encadrement » en raison du départ inopiné, le matin même, de Madame Colette MICHEL, en mission de longue durée à l’étranger.
  1. Surpris par cette annulation et mis devant le fait accompli alors que le programme du stage lui avait été confirmé la veille par la DPIC, Monsieur GABAROUM qui n’avait plus que ses yeux pour pleurer s’empressait de quitter les lieux.
  1. Chemin faisant, réalisant qu’il avait oublié de remettre au secrétariat de Madame Colette MICHEL sa feuille de présence mensuelle aux cours, Monsieur GABAROUM a fait demi-tour.
  1. De retour à la DPIC, dès sa sortie de l’ascenseur, Monsieur GABAROUM a eu le souffle coupé lorsqu’il est tombé nez à nez avec Madame Colette MICHEL qui, prise de panique, est allée se réfugier aux toilettes toutes proches.
  1. L’air amusé, Monsieur GABAROUM n’a pas gâché son plaisir en faisant les cent pas devant les toilettes guettant la sortie de Madame Colette MICHEL.
  1. Le jeu de cache-cache a ainsi duré pendant plus d’une heure avant que Monsieur GABAROUM ne se décide à lever le siège des toilettes du Service Formation de la DPIC.
  1. Dans la foulée, Monsieur GABAROUM a immédiatement informé Madame Nicole CATALA, Directrice du CIFFOP, qui a réagi promptement et avec une grande efficacité.
  1. Au bout de deux heures chrono, Madame Nicole CATALA a réussi à trouver à Monsieur GABAROUM un nouveau « stage Encadrement » à la Direction du Personnel et des Affaires Sociales de la Société Nationale des Poudres et Explosifs.
  1. Ironie du sort, pour pouvoir effectuer ce « stage Encadrement » dans une Entreprise externe, Monsieur GABAROUM, soumis à l’obligation de loyauté, se devait d’obtenir au préalable l’accord formel de Madame Colette MICHEL, Cheffe de Service Formation à la DPIC.
  1. Sollicitée, Madame Colette MICHEL a sciemment refusé de libérer Monsieur GABAROUM de son obligation de loyauté afin de l’empêcher d’effectuer son « stage Encadrement » à la Direction du Personnel et des Affaires Sociales de la Société Nationale des Poudres et Explosifs.
  1. Dans la foulée, Madame Colette MICHEL a ordonné à Monsieur GABAROUM d’arrêter sa formation au CIFFOP et de reprendre immédiatement son poste de surveillant sous peine de s’exposer à de graves ennuis.
  1. Il convient de rappeler que l’autorisation d’absence accordée au salarié au titre du CIF est valable pour la durée globale de la formation et l’employeur ne peut pas demander à un salarié en CIF de réintégrer l’Entreprise avant la fin de la formation.
  1. Le 15 mai 1984, grâce à l’intervention écrite de Madame Nicole CATALA, Directrice du CIFFOP, Monsieur GABAROUM a été autorisé par la société RENAULT à différer son « stage Encadrement » de quatre mois pour l’effectuer finalement, en juillet 1984, non pas à la DPIC, par obligation de loyauté, mais à SCHLUMBERGER MONTROUGE.
  1. En juin 1984, Monsieur GABAROUM a été reçu, à sa demande, par Monsieur Peter FUNK à qui il a exposé dans le détail le traitement discriminatoire subi au cours de sa formation, notamment le refus de la DPIC d’accueillir son « stage Encadrement ».
  1. A l’issue de l’entretien, pour vérifier la bonne application des nouvelles directives de la Direction Générale en matière de lutte contre la discrimination raciale au travail, Monsieur Peter FUNK a demandé à Monsieur GABAROUM qui a accepté de jouer au cobaye, notamment d’écrire à la DPIC pour réclamer sa promotion au statut de cadre.
  1. En septembre 1984, après avoir fait le bilan de sa formation au CIFFOP avec Madame Colette MICHEL, Responsable Formation à la DPIC, Monsieur GABAROUM a été reçu par Monsieur Jean BONNAIRE, Responsable de la Promotion Supérieure du Travail (PST) en présence de son adjointe, Madame Annie LE DOEUFF.
  1. Dès le début de l’entretien, Monsieur Jean BONNAIRE, très hostile à la promotion des Noirs à des fonctions régaliennes au sein de l’Entreprise, s’est livré à un violent réquisitoire contre l’Afrique et les Africains, mêlant pêle-mêle la guerre civile et la misère qui règnent sur ce continent en s’épanchant sur «la nature profondément sauvage des peuplades de ces contrées africaines condamnés à s’entretuer entre des ethnies hostiles et à mourir de faim depuis que le colonisateur blanc est parti ».
  1. Poursuivant sa joute verbale, Monsieur Jean BONNAIRE a affirmé avec véhémence son « refus d’endosser l’habit de traître qui assurerait la promotion d’un Noir au statut de cadre. Jamais, au grand jamais, les salariés blancs ne comprendraient le sens d’une telle décision, et encore moins ne s’accommoderaient d’une telle trahison »
  1. Malgré la dureté des propos, Monsieur GABAROUM a gardé son calme et a mis fin, poliment, à l’entretien en s’adressant directement à Monsieur Jean-Louis EDDE, Directeur de la DPIC, Monsieur Peter FUNK, le conseiller américain du PDG Bernard HANON, notamment en interpellant les syndicats.
  1. Le 1er janvier 1985, en application des dispositions de l’article 2 alinéa 1-2 de l’Accord national de la métallurgie du 21 juillet 1975 sur la Classification, Monsieur GABAROUM a été promu Cadre, position 2, coefficient 420.
  1. Depuis la création de la Régie Nationale des Usines RENAULT en 1945, Monsieur GABAROUM en devenait ainsi, en 1985, le premier français d’ascendance africaine à occuper un poste de cadre au sein de la Direction du Personnel Ingénieurs et Cadres du Groupe RENAULT au surnom révélateur de « Temple de la suprématie blanche».
  1. Pourtant, pour ce Noir bardé de diplômes, la promesse d’une accession au Panthéon du management de la société RENAULT ne sera finalement qu’un miroir aux alouettes.

Prochaine publication: L’INTERMINABLE CHEMIN DE CROIX RACISTE D’UN CADRE D’ORIGINE AFRICAINE A RENAULT S.A (2ème PARTIE)

L’Association NOUS PAS BOUGER

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