Les BRAV-M, une milice motorisée des forces de police affectée à semer la terreur en ville

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Les Brav-M….cette milice motorisée des forces françaises de sécurité, affectée à la répression brutale et systématique des manifestants…voire de simples passants

Ils patrouillent de jour et de nuit ces dernières semaines à Paris, semant véritablement la terreur chez les passants, car pas à l’abri d’une interpellation voire d’une ratonnade au faciès.

Ceux d’entre-nous qui ont échappé à leur mode opératoire lors des manifestations lycéennes et étudiantes de 1986, où Malik Oussekine a trouvé la mort, sont à jamais marqués.

Leur remise en service traduit une régression liberticide en France sous les trois dernières présidences (Sarkozy, Hollande, Macron).

Surtout redoublez  de vigilance et de prudence, notamment quand vous êtes de couleur…Parce que vous représentez sans le savoir des proies idéales pour ces brutes, car susceptibles d’être traqués, réprimés et même tués en toute impunité.

Cela participe malheureusement d’un racisme systémique.

 

 

Quand une équipe des BRAV-M dérape au cours d’une interpellation : « Je peux te dire qu’on en a cassé, des coudes et des gueules »

Dans un enregistrement sonore que « Le Monde » s’est procuré, plusieurs policiers des brigades de répression de l’action violente motorisées, dont l’action est de plus en plus décriée, menacent et intimident sept jeunes gens interpellés dans la nuit du lundi 20 mars. A cette occasion, un jeune homme a été frappé à deux reprises.

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Le Monde, Vendredi 24 mars 2023

Une unité des brigades de répression de l’action violente motorisées (BRAV-M), déployée lors de la manifestation contre la réforme des retraites, à Paris, le 23 mars 2023.

La séquence dure plus de vingt minutes, enregistrée discrètement par un membre d’un groupe de sept personnes interpellées, lundi 20 mars, à l’angle des rues des Minimes et du Béarn, dans le 3e arrondissement de Paris. Entre commentaires à caractère sexuel, gifles, menaces et vantardises, ce document sonore, que Le Monde a pu authentifier, jette une lumière crue sur le comportement de fonctionnaires, en contradiction totale avec les règles déontologiques autant qu’avec la loi.

Ce soir-là, plusieurs dégradations ont été commises dans les environs au cours d’une nouvelle nuit de protestation contre le recours, jeudi 16 mars, à l’article 49.3 par le gouvernement pour faire adopter sans vote la réforme des retraites. Appelée pour procéder à des interpellations d’émeutiers, qui ont pris l’habitude, depuis plusieurs jours, de se disperser par petits groupes et d’incendier des poubelles – les affrontements directs avec les forces de l’ordre sont plutôt rares –, une unité des brigades de répression de l’action violente motorisées (BRAV-M) parvient à appréhender une demi-douzaine de jeunes gens, sans qu’il soit permis d’établir, pour le moment, leur participation aux incidents.

Une photo, prise sur l’instant, montre une quinzaine de fonctionnaires, reconnaissables notamment à leurs casques de moto blancs, dans leur tenue habituelle qui emprunte autant à l’uniforme de « Robocop » des CRS qu’à l’équipement de n’importe quel motard. Cernant plusieurs jeunes assis sur le trottoir, le dos à la devanture d’un commerce désaffecté, plusieurs de ces fonctionnaires se laissent aller à des propos et des attitudes susceptibles de poursuites pénales, en particulier contre un jeune homme, « le seul Noir du groupe », précise l’un des jeunes gens interpellés. Plusieurs d’entre eux ne se connaissaient pas avant cet épisode.

« Tu sais que tu as une vraie tête à claques ? », lui dit un policier, tandis qu’à l’arrière-plan sonore des voix réclament des précisions sur le nombre de personnes interpellées. « Si tu veux, je te prends tout seul », continue le policier, avant d’intimer le silence au jeune homme, qui tente de répondre : « Ferme ta gueule. »

« Efface ton sourire »

Les propos de plusieurs fonctionnaires, très nettement audibles, sans que le moindre doute soit possible quant à la qualité de ceux qui les profèrent, sont prononcés sur le même ton, alternant menaces, intimidations, menus propos sur les aptitudes des interpellés à la boxe et fanfaronnades guerrières. Ainsi, cinq minutes et quarante secondes après le début de l’enregistrement, l’un des policiers se laisse aller : « T’as tellement de chance d’être assis là, maintenant qu’on t’a interpellé, je te jure, je te pétais les jambes, au sens propre… Je peux te dire qu’on en a cassé, des coudes et des gueules (…), mais toi, je t’aurais bien pété tes jambes. »

Plus grave, à deux reprises en l’espace de quinze secondes, à six minutes et quarante-deux secondes du début de l’enregistrement puis à six minutes et cinquante-cinq secondes, deux bruits de claques retentissent, d’autant plus identifiables qu’ils sont précédés et suivis de propos qui ne laissent aucun doute : un « Efface ton sourire », répété deux fois avant la première gifle puis une nouvelle fois après, et « Tu la fermes ou tu veux la deuxième ? », avant un nouveau claquement.

« Je ne… ferme pas », bafouille le jeune homme.

Une nouvelle voix, manifestement différente de celle du fonctionnaire qui a asséné les deux gifles, demande alors : « Tu commences à bégayer ! T’en re-veux peut-être une, que je te remette la mâchoire droite ? »

Le jeune homme : « Surtout, hésite pas à dire ça là-bas…

– Dire ça où ?, interroge un policier.

– Là-bas.

– Là-bas où ?, insiste le policier.

– Là-bas ! Vous allez me ramener où ?

– Au commissariat ? Mais y a que toi qui parlera, moi j’y vais pas, hein.

– Voilà, c’est pour ça que tu fais ça », conclut le jeune homme.

Puis le policier enchaîne par de surprenantes considérations, ponctuées des rires de ses collègues :

« Tu sais, moi je peux venir dormir avec toi si tu veux…

– Eh ben on y va, l’interrompt le jeune homme.

– … et c’est le premier qui bande qui encule l’autre », reprend le policier.

Une autre voix s’en mêle, toujours à l’adresse du jeune homme : « On va t’apprendre à respecter. En fait, je crois que t’as pas bien compris (…). Regarde tes copains, là : ils respectent, ils ne l’ouvrent pas bêtement, pour rien. » « Je m’en fous », répond le jeune homme. « T’es trop insolent, je te jure c’est un truc de fou », poursuit le policier, avant qu’un autre fonctionnaire n’intervienne à son tour : « Eh, t’inquiète, ta petite tête, ta petite tête, on l’a déjà en photo, t’as juste à te repointer dans la rue aux prochaines manifs (…). La prochaine fois qu’on vient, tu monteras pas dans le car pour aller au commissariat, tu vas monter dans un autre truc qu’on appelle ambulance pour aller à l’hôpital. »

« T’as de la chance »

A cet instant, l’ordre est donné de faire mouvement vers le secteur de Château-d’Eau (10e), où de nouveaux heurts sont signalés par radio. « T’as de la chance, dit un policier, on va se venger sur d’autres personnes. » Mais le départ tarde. Alors, la conversation s’éternise dans une sorte d’hommage inattendu aux black blocs : « Nous, on tape des black blocs à longueur de journée, mon gars, et je peux te dire qu’eux, ils ont des couilles. Bon, après ils retournent chialer chez leur grand-mère. » « Et ils ramassent leurs dents », précise un policier.

Puis viennent les considérations teintées de xénophobie : « Il va aller en gardav [garde à vue] et demain, il va sortir avec une OQTF [obligation de quitter le territoire français] », dit une voix. A la question « Tu es de quelle nationalité ? », le jeune homme répond : « tchadienne ». « Et comment on voyage, au Tchad, t’es passé par la mer, en Espagne ? » « A la nage », répond encore le jeune interpellé. « Et tu mangeais bien là-bas ? », interroge une voix, avant de préciser fort utilement : « Y pas de jugement là-dedans ».

Après avoir affirmé au Monde qu’« aucun signalement correspondant [aux faits] n’a été porté à la connaissance du préfet de police, qui pourra diligenter une procédure administrative si les faits allégués le justifient », le préfet de police, Laurent Nunez, interrogé sur France 5, s’est dit « extrêmement choqué » par la bande sonore, diffusée par le média en ligne Loopsider peu après les révélations du Monde. « Nous soutenons les policiers (…) mais nous exigeons en contrepartie d’eux une déontologie qui soit irréprochable », a-t-il ajouté, annonçant son intention de saisir l’Inspection générale de la police nationale – pour la troisième fois au moins, s’agissant des BRAV-M, depuis les heurts du 20 mars.

Lundi soir, dans une rue parisienne où ronflaient les motos des BRAV-M sur le point de repartir, l’éclair d’humanité d’une voix qui ne paraît pas avoir été entendue jusque-là, et que l’on voudrait détachée de toute ironie, vient ponctuer le navrant échange : « J’espère qu’un jour, dit ce fonctionnaire anonyme au jeune homme humilié par ses collègues quelques minutes plus tôt, on se retrouvera dans un bar, tu me raconteras ton histoire et tu oublieras le condé [policier] que je suis. »

CheckNews, Libération, Lundi 27 mars 2023

Violences policières : les vidéos et témoignages qui mettent en cause les Brav-M

Constituée par des membres de compagnies d’intervention qui opèrent en maintien de l’ordre, à moto et en binôme, la Brigade de répression des actions violentes motorisées est impliquée depuis une dizaine de jours dans de nombreuses scènes de violences documentées.

par Jacques Pezet et Anaïs Condomines

Elle est au centre de la polémique sur les violences policières. Depuis le début du mouvement de contestation contre la réforme des retraites, la Brav-M (Brigade de répression de l’action violente motorisée) est impliquée dans plusieurs scènes de violences documentées à l’égard des manifestants à Paris.

Ces membres de compagnies d’intervention qui opèrent en maintien de l’ordre, de façon mobile, à moto et en binôme, sont visés par une pétition réclamant leur dissolution. Signée par plus de 80 000 personnes ce lundi 27 mars, elle déclencherait un débat en séance publique à l’Assemblée nationale dès lors que le seuil de 500 000 signatures est atteint. Certaines séquences, parmi les suivantes, ont donné lieu à l’ouverture d’enquêtes confiées à l’IGPN, la police des polices. Invitée sur BFM TV dimanche soir, Agnès Thibault-Lecuivre, cheffe de l’Inspection générale de la police nationale, n’a pas souhaité indiquer combien, des 17 enquêtes confiées à son service depuis le 19 janvier, concernent la Brav-M. «Ce serait prématuré», a-t-elle expliqué, indiquant qu’il est nécessaire d’identifier d’abord les policiers mis en cause. En attendant, de nombreuses vidéos et témoignages circulent depuis dix jours, mettant en cause les policiers à moto.

Samedi 18 mars, 23 h 30, place d’Italie (XIIIe arrondissement)

Une vidéo filmée par le média indépendant la Luciole accuse la Brav-M de «tabasser» une femme «à l’abri des regards» au niveau de la place d’Italie. «Ils sont à 10 sur une femme», commente un homme qui assiste à la scène, où l’on peut voir un groupe de policiers casqués frapper une personne. Sur Twitter, le média ajoute que «ce n’est pas visible sur [leurs] images, mais ils lui ont violemment cogné la tête contre la vitre du bar».

Lundi 20 mars, rues des Minimes et rue du Béarn (IIIe arrondissement)

De nombreuses scènes de violences ont été documentées à cette date, qui marque le rejet par l’Assemblée nationale de la motion de censure déposée contre le gouvernement, à neuf voix près. Un premier rassemblement place Vauban est rapidement dispersé. Des cortèges spontanés s’éparpillent alors dans plusieurs quartiers de Paris.

Un enregistrement sonore, réalisé ce soir-là à l’angle des rues des Minimes et du Béarn, dévoilé par plusieurs médias dont le Monde et Loopsider, vendredi 26 mars, révèle les menaces, intimidations et insultes proférées par un groupe de policiers de la Brav-M contre sept manifestants. «T’as tellement de chance d’être assis là, maintenant qu’on t’a interpellé, je te jure, je te pétais les jambes, au sens propre… Je peux te dire qu’on en a cassé, des coudes et des gueules», peut-on entendre. Vendredi soir, confronté à ce document sur France 5, le préfet de police, Laurent Nuñez s’est dit «extrêmement choqué». Un sentiment partagé par Agnès Thibault-Lecuivre qui évoquera, sur BFM TV suite à la diffusion de la séquence, des «propos inacceptables». Ce lundi, l’AFP rapporte que les policiers ont été identifiés comme étant membres de la 21e compagnie d’intervention en formation Brav-M, sans que leur suspension ne soit pour le moment décidée. Deux personnes ont annoncé leur intention de porter plainte pour «violence en réunion par personne dépositaire de l’autorité publique et complicité», «violences à caractère raciste», «agression sexuelle» et «faux en écriture publique». L’association SOS Racisme a décidé de se joindre à leur plainte.

Lundi 20 mars, 21 h 35, quartier Châtelet (IVe arrondissement)

En milieu de soirée, des manifestants se retrouvent dans les rues du quartier Châtelet. Les images du reporter indépendant Jules Ravel révèlent une charge de la Brav-M contre une petite dizaine de jeunes alignés le long d’une terrasse de restaurant, les mains en l’air ou sur la tête. Parmi eux, Rémi qui, dans une interview au Parisien, confie s’en être tiré avec quatre points de suture à la base du crâne : «Je me suis dit, il va bien voir que je ne suis pas une menace, mais ça n’a pas du tout été le cas.» Nos confrères de Politis identifient formellement sur ces images un membre de la compagnie 12CI, constituée ce soir-là en Brav-M. Les mêmes qui, deux heures plus tard, brutaliseront un autre jeune homme vers Bastille.

Lundi 20 mars, 23 h 40, rue Saint-Antoine (IVe arrondissement)

Rue Saint-Antoine, une scène, filmée par les caméras de plusieurs médias indépendants, dévoile les images d’un jeune homme en train de courir, s’arrêter au niveau de deux autres personnes, faisant face à des policiers, près d’un kiosque à journaux. Au moins l’un des deux manifestants tient dans sa main un long bâton. Le jeune homme semble écarter les deux autres de la scène et se fait pousser une première fois par un policier de la Brav-M, casque de moto blanc sur la tête. Il demeure sur le côté lorsque, quelques secondes plus tard, un policier court vers lui et lui assène un violent coup.

Sur BFM TV, le préfet Nuñez annonce avoir accès aux premiers éléments d’un rapport qu’il a commandité. Il précise : «Un kiosque se trouve juste à côté, un individu qui dégrade ce kiosque est en cours d’interpellation et plusieurs individus s’opposent à cette interpellation, dont l’individu qui reçoit ce coup.»

Auprès de CheckNews, la préfecture de police de Paris indique que le jeune homme est reparti libre, sans blessures apparentes. Plus tard dans la journée, le parquet annoncera qu’une enquête préliminaire a été confiée à l’IGPN, les faits étant «susceptibles d’être qualifiés de violences commises par personne dépositaire de l’autorité publique».

Lundi 20 mars, 23 h 40, rue Saint-Antoine (IVe arrondissement)

Même heure, même endroit. La situation est très tendue dans le secteur Saint-Antoine où les Brav-M remontent la rue face aux manifestants. Le journaliste Justin Davis capte vingt secondes d’images où l’on peut voir un policier en tenue de motard se diriger vers un jeune homme qui marche devant lui, avant de lui adresser un violent coup de poing sur la tête. Le jeune s’écroule, sonné. La raison de ce coup demeure, à cette heure, inconnue.

Mardi 21 mars, 23 heures, avenue Daumesnil (XIIe arrondissement)

Des images révélées par le site Révolution Permanente montrent un manifestant poursuivi par un policier de la 32e CI et deux motards de la Division régionale motocycliste, dont un qui lui roule dessus. Il s’agit bien de forces de l’ordre qui agissent ici en formation Brav-M. Joint par CheckNews, Valentin, l’étudiant victime de l’attaque, confirme qu’un des véhicules lui a roulé sur la jambe gauche et assure avoir pris «des coups de tous les côtés» sans pour autant être interpellé. Après un passage aux urgences, mercredi, le jeune homme présentait plusieurs lésions «entraînant une incapacité temporaire totale de travail (ITT) de huit jours».

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